19 juillet 2004

All life long

han ça commence à me stresser cette affaire, surtout que ça fait bien 10 ans que ça ne m'est pas arrivé: mercredi prochain, je change de dizaine. Celle que vous envient les gens ayant dépassé la quarantaine, celle que les jeunes trouvent que vraiment, maintenant, vous êtes vieux.
ça m'embête un petit peu, parce que j'ai quand même beau avoir l'air très jeune, l'air de ne pas avoir mon âge du tout (sans me vanter), c'est vrai quoi, c'est pas juste, toujours devoir compter.
 
[J'ai toujours dit que les maths c'était pourri, que ça vous nuisait dans la vie de tous les jours, puisque pour TOUT il faut compter: les courses, les années, les étages, le nombre de jardinières remplies de géraniums dans la résidence, les gens intelligents qu'on croise, etc etc etc, j'en passe, j'en passe.]
 
 Bref, je vais ptêtre m'acheter 20 ans aujourd'hui ou bien encore demain, car après ça sera trop tard, j'aurais trop peur de me faire arrêter par la milice qui peuple les relais H et autres revendeurs de magazines. Ben ouais, je le prends comme ça, c'est tout. Maintenant, je réfléchis vraiment, tu vois, c'est plus la peine de lire des trucs comme ça, j'ai décidé de devenir intelligente. Han làlà, comment y'en a, du boulot.
 
Même pas peur euh!
 
Bon voilà, du coup là présentemment je pense à tout ce qui s'est passé dans ma vie, depuis ma naissance y'a (presque, pas encore) 30 ans jusque aujourd'hui. Vous vous rendez compte, quand même, quand j'étais petite, j'ai été aux scoutesses. Vraiment, j'en fait encore des cauchemars. Fallait porter un uniforme BLEU MARINE (maintenant je déteste les uniformes et le bleu marine), fallait mettre des chaussettes blanches ET bleu marine (aaaaargh, my look iz terribeul), fallait bien rentrer sa chemise bleu flic dans sa jupe bleu marine, fallait mettre des gants blancs pendant la messe et parler couramment latin. Moi, ça m'a traumatisée. Du coup, j'ai quand même subi des pressions, genre "coiffe-toi", "rhabille-toi", enfin des trucs insensés, mais le problème, c'est que j'ai un problème avec l'autorité, les gens qui se croient supérieurs tout ça, depuis cette époque. J'aime pas qu'on me donne des ordres, encore moins les personnes qui prennent plaisir à donner des ordres. C'est vrai quoi, de quel droit? Surtout dans ce genre de congrégations (le scoutisme), les gens se croient dotés de super pouvoirs ou je ne sais quoi, ils se la jouent: ils font un truc vraiment ouf, ils jugent les autres (genre ils font des cérémonies à huis clos, et ils descendent les gens sur ce qu'ils sont, comme ça après tu peux pas te plaindre). C'est hyper négatif. Et mine que rien, je m'aperçois que ça m'a marqué plus que je ne le pensais, parce qu'à l'époque j'était toute pitite et innocente. Du coup, après j'ai fait des conneries pour les faire chier, fumer dans la forêt, envoyer balader la "chef" voire l'insulter, ne pas faire leurs activités débiles comme ramasser les mauvaises herbes chez les bonnes soeurs sous un cagnard du feu de dieu (sans jeu de mots) pour RIEN, juste pour faire plaisir aux bonnes soeurs (l'insolation gratis made in bénédictines), etc. Du coup, ben les connasses en bleu marine m'ont virée.
 
Han là là, comment j'ai pas été triste! Même que cette épisode de ma vie m'a rendue quasi athée,
réfrataire à toute autorité, très moqueuse envers les uniformes tout ça. Bon, l'avantage, c'est que j'avais peur de rien ni de personne.
 
Après, du coup, j'ai changé. Je me suis transformée petit à petit (ça a pris un peu de temps, mais faut voir la transformation) en YAKATATA POWER girl. Même que je m'habillais en noir que ça faisait peur à ma mère, j'allais aux concerts de hard thrash métal tout ça, j'agitais ma petite tête aux sons des guitares (hum hum), et même en été je portais des grosses pompes. J'ai eu plein de petits amis pas très recommandables, mais, ma foi, j'en ai bon souvenir, je me suis beaucoup amusée. Ma plus grande fierté est d'avoir réussi à rentrer à l'Elysée Montmartre gratos, sans pass VIP, sans rien. Bon, ce n'était pas pour un concert confidentiel de Ben Harper, mais pour Le Brutal Tour 94. uhuhuhuhu. Vous pouvez avoir mon secret, si vous voulez, mais je doute que ça marche. C'est quand même super pervers, de rentrer gratos et de faire genre je suis de l'équipe, derrière les barrières du stand de marchandising. Surtout que tout le monde avait un passe énorme, et que moi, rien. Vachement  discret, mais bon, faut croire que les gars de la sécu avaient été éblouis par mon total look noir de hard rockeuse de base.
 
Après j'ai quand même été à la fac, et j'ai quand même eu une licence, malgré la chute globale de mes neurones due à une trop grosse fréquentation des concerts (et mes oreilles aussi qui ont souffert).
 
Même que j'ai réussi à entrer dans l'éducation nationale.
han là là.
 
Mais ma plus grande réussite, ce sont mes deux nénettes.
Elles ne se rendent pas compte de ce qui se trame: leur mère va changer de dizaine. Elles s'en foutent, elles ne savent pas ce qu'est une dizaine. Et puis, chuis vachement crédible, quand même, en maman. Mais 30 ans, ça en fout un coup, remarque, qu'est ce que ça va changer? Rien: Lucette sera toujours aussi con, le maire toujours aussi pervers, les scouts toujours pétainistes, les tartes au citron meringuées toujours aussi sucrées, bref, ça n'empêchera pas le monde de tourner.