30 janvier 2006

29 janvier 2001, minuit quarante

Il y a cinq ans, j'étais où, moi, encore?
Hein?
Je vous le donne en mille, j'étais dans un endroit que j'adore. Mais non, pas les Seychelles voyons, mais à l'hôpital que j'aime. Ses couloirs, ses lits électriques, sa bouffe dégueulasse, tout ça.
Et oui, ça fait cinq ans (et un jour) que Nounette est rentrée dans ma (notre) vie.
Pour l'accouchement en lui-même, je n'ai pas trop souffert, merci. Par contre, le reste, au secours ma brave dame. Je crois que je les ai toutes eues, cette semaine-là. Et je m'en souviendrai longtemps. Toute ma vie, je crois bien.
D'abord j'ai eu la mauvaise idée d'accoucher avec de la fièvre. Et mon bébé de naitre avec de la température. Comme ils n'étaient pas futés, ils lui ont filé un bib à la naissance, après l'avoir laissée en couveuse pendant un temps qui m'a paru infini. Je n'ai pas pu tenir ce petit corps que j'avais porté pendant huit mois et demi avant le lendemain 8 heures. Tout cela parce que j'avais 38°C. Débile. Et le coup du bib, pas futé non plus, puisque vu qu'elle était née quinze jours avant terme, elle a dormi pendant trois jours non stop en refusant de téter. Foiros mon allaitement. Encore aujourd'hui, je m'en veux. Bref. Vu que l'accouchement avait été long, ils ont mis mon bébé à la nursery. Je n'ai pas dormi de la nuit, c'était affreux, loin de mon bébé. Et en primipare nouillissime, je ne l'ai pas réclamée. Et le lendemain, ça m'a fait bizarre de la revoir, comme si elle m'avait quittée un long moment et était revenue.
Ensuite, elle a fait une jaunisse carabinée. Elle était jaune, vous l'auriez vue! Elle a donc allées sous les lampes bleues. Et moi, je pleurais parce que je ne pouvais pas la prendre, je pleurais parce qu'il me semblait que toutes les misères du monde arrivaient à MON bébé. Et je pleurais parce que j'arrivais pas à lui donner le sein, je me sentais maaaaaaal, je ne savais pas comment faire ni rien, et personne pour me soutenir. C'était une mini crevette, elle dormait tout le temps. Et on a appris quand elle a eu trois jours qu'elle avait un souffle cardiaque, qu'il fallait lui faire une écho. On a du insister pour qu'ils fassent l'examen, sinon on aurait encore attendu et attendu pour pouvoir rentrer à la maison.
Enfin, je n'oublierai jamais ce jour où la pédiatre est rentrée dans ma chambre, a fait sortir ma mère et mon Pierre Richard et m'a annoncé sans ménagement que le taux de plaquettes dans le sang de mon bébé n'était pas normal du tout, que cela pouvait dire qu'elle avait une maladie génétique. J'ai explosé, mais pourquoi mon bébé encore hein? Pourquoi?? Finalement, on apprendra le lendemain que le sang avait juste coagulé, que cela avait faussé les résultats, qu'ils s'étaient plantés. Je n'avais pas dormi de la nuit, ils m'avaient donné des calmants, je devenais folle là-dedans. Aucune excuse évidemment quant à cette erreur. Pff.

Ce séjour m'a profondément marquée. Je suis rentrée chez moi en me sentant nulle, et mauvaise mère et tout le tintouin. Je crois que ce sentiment a mis beaucoup de temps avant de s'évanouir. De ne pas savoir m'y prendre. D'être à côté de la plaque. En infantilisant les mamans à la maternité, surtout pour un premier bébé, je crois que celles qui n'ont pas la grâce d'avoir confiance en elles sont inexorablement perdues. Un enfant, ça bouleverse votre vie, d'ailleurs ça vous apprend LA vie. Avant qu'elle naisse, je ne savais pas tout ça. J'ai donc été doublement perdue. Et ce n'était pas facile. Je ne mets pas tout sur le dos de l'hôpital, en fait je crois tout simplement que je n'étais pas prête pour la totalité de ce qu'impliquait la naissance d'un bébé. Et tout ce négatif, tous ces examens qu'elle a passées, ça m'a rendu dingue au delà de ce qu'on peut imaginer. Je pensais que c'était tout rose tout joli tout beau, genre waltdisney company, et je m'étais cachée du reste. Je n'avais pas voulu le voir. Et bien j'ai été servie.

Mon bébé n'est plus un bébé. C'est une petite fille de cinq ans extrêmement intelligente et remplie d'humour. Je ne dis pas ça parce que c'est ma fille à moi et que je l'aime (très fort), ne croyez pas ça hein uhuhuhu. Elle va très bien, même si j'ai parfois un peu de mal à la comprendre. Remarque, ça serait trop facile hein, d'avoir le modèle qui pousse droit sans dévier. SI ça existait, ça se saurait.
Maintenant, ma Nounette a une petite soeur et un petit frère. Elle a dit que ça suffisait, trois, parce que surveiller les enfants, c'était dur et que plus que trois, c'était trop. Remarque ça tombe bien hein.

Hier nous avons fêté son anniversaire.
Punaise, cinq ans.
Cinq ans que je suis maman, déjà.
Pour toujours, je crois, jamais, même, je n'oublierai ce jour où elle est née.


Sinon hier on a fait une de ces teufs les gens, elle a été super gâtée et j'avais fait des gâteaux coeurs, parce qu'elle le voulait, et aussi parce que le mien, de coeur, gonfle chaque jour avec l'amour que je porte à mes enfants. Pourtant, ils sont chiants, des fois hein.




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