07 juin 2006

fight fight fight

Ah quand on désire quelque chose, il faut savoir se battre.
Bon d'accord c'est terriblement cliché de dire ça, mais depuis le début de l'année scolaire, j'ai l'impression d'être dans un combat permanent pour nous permettre, à moi et à mes enfants, de gagner ce respect qui nous est dû.

Au départ, je me pensais anormale, mes exigences dépassaient ce qu'on m'offrait. Alors je ne disais rien et j'encaissais en silence. J'étais enceinte et forcément mononeuronée (sisi), même si ça n'excuse pas tout. Tout a commencé avec les cauchemars de Mini, une nuit d'octobre. Je ne l'ai pas accepté, ce n'est pas acceptable de laisser une enfant de trois ans souffrir comme ça, sans oser le dire par les mots, parce que déjà, les mots, elle ne les a pas, et en plus, elle ne veut pas décevoir son papa et sa maman. La douleur tacite, qui se lit dans les yeux, c'est la pire qui soit. Encore aujourd'hui, j'ai les tripes qui se tordent quand je regarde les photos de cette période, ses traits tirés, ses cernes gigantesques, son regard si triste. Et non, je n'exagère pas. On a essayé de discuter avec sa maîtresse, on a tenté d'arranger les choses, mais rien n'y a fait. Lorsqu'en face, vous avez un mur dur et rocailleux, vous n'essayez pas de le franchir, vous le contournez.
Alors Mini a cessé de fréquenter l'école, ses cauchemars se sont progressivement espacés, cela a pris trois mois quasiment. La vie de la famille a été bouleversée par la naissance du petit frère, et on a mis cette déscolarisation entre parenthèses pendant trois mois. On a refusé que notre enfant souffre, on l'a gardée à la maison, et oui, c'est pas facile tous les jours, mais faut faire avec.

La maîtresse s'est fait remonter les bretelles par son supérieur hiérarchique, depuis elle m'évite.
Charmant personnage. J'ai demandé un changement d'école en mars.

Arrive la deuxième session de la magical school. Quel facétieux établissement, n'est-il pas? Nounette, cinq ans, s'ennuie. On est en mars et la maîtresse m'a affirmé qu'elle en avait acquis toutes les compétences de sa section. Juste comme ça. Ou comment faire coller des petits 1 dans un grand 1 par une gamine qui compte jusqu'à 100. C'est tellement pertinent. J'en discute avec la dame, qui me rit au nez en se moquant ouvertement de ma face hallucinée. Je ne demande rien, je n'exige rien, je m'informe, c'est tout. Je suis affligée devant tant de nullité et d'auto-défense déplacée. Tout ça me sidère. On me voit donc arriver comme la pénible psychotique de service, alors qu'en fait, je m'informe, je me soucie uniquement du bien-être de mes enfants. Et surtout j'ai la volonté qu'on exige d'eux le meilleur possible, sans les tirer délibéremment vers le bas, et sans les brusquer non plus. Nounette s'enquiquine puissance quinze, on la met devant l'ordinateur ou dans le coin bibliothèque, parce qu'elle fait son boulot en trois secondes. Il n'est pas normal que cette enfant, qui a toujours survolé sa section les doigts dans le nez, soit allergique à toute notion d'effort.

Là je pète le plomb.
Je prends rendez-vous directement au cran d'au dessus. A l'inspec*tion, curieusement, on ne me rit pas au nez, on m'écoute, on s'excuse de ce manque de dialogue. On me soutient, on m'explique. Pour moi, il devient évident que le changement d'école demandé en mars est une absolue nécessité. J'ai informé le maire adjoint qui m'a répondu que le cas sera étudié à la commission début juin.

Donc mardi matin, j'embarque mes mouflets et direction SuperMairie. Mes mots ne suffiront pas à décrire tant d'incompétence. Il faut déjà savoir que j'ai rempli les papiers deux fois (soit disant perdus la première, dans madame la Poubelle), envoyé deux fois les justificatifs, harcelé le service scolaire depuis début avril. Je téléphone. Je me déplace. J'y tiens à ce changement d'école.
J'arrive hier matin et le cas de mes enfants n'a pas été examiné par la commission, parce qu'ils ont perdu les papiers. Vous y croyez vous? Moi non. Une fureur noire envahit mon coeur et mon corps. Imaginez vous! On vous raye de la liste alors que vous êtes persuadés que tout roule pour vous. Non, le chemin est jalonné d'embûches, c'est rocambolesque. Heureusement, j'ai plusieurs courriers qui prouvent que mon dossier a été déposé. J'ai plusieurs personnes qui m'appuient. Je crois devenir folle quand on me fait remplir une troisième fois le formulaire de mes deux. Angel m'accompagne, on hallucine sur place. Notre seul regret: ne pas avoir accepté d'attendre deux heures, comme on nous l'a proposé, afin que la charmante adjointe retrouve notre dossier. Oh punaise, ça l'aurait fait.

Finalement, elle m'appelera dans l'après-midi pour me dire que ma demande a été acceptée. Mes filles ne fréquenteront plus cette école l'année prochaine. Les relations tendues qui nous lient sont devenues impossibles. Et tout ça parce qu'on écoute que sa petite personne dans cette école, et pas les enfants.

Je ne serai que définitivement soulagée qu'à la rentrée, quand mes filles seront enfin scolarisées dans un environnement neuf, que j'espère propice à un nouveau départ, positif et constructif.

Et dans la tête, Ben Harper


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