16 novembre 2006

attendre

En ce moment, je ne sais pas ce que j'ai, je n'arrive à rien. Une force irrépressible m'y oblige, c'est de la folie. Je me lève le matin, sans enthousiasme aucun, après une nuit peuplée de rêves étranges et de quelques réveils de chonchon. Je me traîne jusqu'à la salle de bains, où je fais ce que j'ai à faire avec une mollesse sans bornes.
Il m'arrive quoi, là?

Les filles n'écoutent rien et font n'importe quoi toute la journée. J'ai beau leur faire des remarques, elles s'en contre-tamponnent le coquillard, d'une force, incroyable. Elles se vautrent dans le canapé à qui mieux-mieux en réclamant midi les zouzous avec une voix soit geignante et chouineuse, soit avec l'option "je gueule comme un putois castré". Je sais qu'il faut que je serre la vis, je le sais, je le sais. Mais pourquoi ça marche pas comme d'habitude? Pourquoi il manque un marcassin dans le parc animalier des playmobils, elles en ont fait quoi? Elles l'ont bouffé ou bien? (Je précise qu'elles croquent la verdure playmobil EN PLASTIQUE alors qu'elles ne sont même pas chiches d'avaler un morceau de courgette sans haut-le-coeur). Pourquoi leur chambre ressemble-t-elle à l'annexe de la forêt communale: humus, marrons et feuilles de chêne toutes séchées par branches entières? J'ai fait quoi pour mériter ce châtiment, je suis leur mère, crébondiou, j'ai pas envie de passer mes journées avec l'aspirateur dans une main et le plumeau dans l'autre, la tête auréolée d'un torchon pour protéger de la poussière. Pitié, je ne veux pas ressembler à ça, c'est horriiiiiiible! Remarque, je pourrais toujours faire une pause à plat ventre dans leur chambre pour chercher tous les petits accessoires qu'elles laissent traînasser et que leur frère ne manquera pas de trouver un jour ou l'autre et d'avaler, je le connaîs, il bouffe tout, lui.


Ensuite, apparemment, je fais que de la cuisine dégueu. Tout ce que je prépare, c'est abject, leur palais affiné par de nombreuses expériences culinaires (hum) ne s'abaisse pas à goûter ces moules-frites, ou ces pâtes à la sauce tomate, oh my god, quelle infectitude prononcée! Elles voudraient des nouilles au beurre ou des frites au ketchup à tous les repas, le tout agrémenté de poisson pané pas brûlé de préférence. Je sais bien qu'il y en a qui sont so perfect, à mitonner des petits platounets pour leurs rejetons à chaque repas, tout en s'occupant de glues humaines. Mais moi, j'y arriiiiiiiive pas! Et si je fais preuve d'un minimum d'originalité, elle quitte fissa la table avec une moue dégoûtée. Et que je te finis les assiettes, et que je te prends cinq kilos dans les hanches et dans les cuisses aussi, soyons fous! Bouhouhouhou.

Dans la salle de bains, c'est le bronx, au sens propre du terme. Le Bronx. Y'a que moi qui range? Ben vu qu'en ce moment, c'est pas trop mon truc, ben imaginez. Et que je te jette la serviette en vrac, que je te mets tout derrière le lave-linge, genre c'est planqué et personne ne voit. Que je te pose la tondeuse à veuchs dans le panier, mais sans enrouler le fil, comme ça on se prend la tête/les pieds dedans (ou pire, que l'intégralité du panier tombe sur celui ou celle qui aura tiré sur le fil). Et celui que je préfère: que je te surblinde le lave-linge. C'est kiki doit mettre les mains dans les tissus pas ragoûtants pour en retirer la moitié, parce que Vedette, c'est pas Houdini, elle ne lave pas quinze kilos de chaussettes, de jeans et de t-shirts EN MEME TEMPS? Faut pas s'étonner si la glamour girl so classe que je suis a des nausées dès qu'elle regarde le hublot.

Enfin, à ce propos, je vais vous en apprendre une belle, mais le linge ne se lave pas tout seul. Les petites housses de couette ne se déhoussent pas comme par magie et ne courent pas avec leurs petits pieds dans le lave-linge, qui ne se lance pas tout seul avec le bon programme, qui ne se vide pas non plus une fois le cycle terminé, et expédie encore moins tout son contenu dans mon nouveau sèche-linge (que j'aime très fort cependant). Il faut que je m'en occupe, évidemment. Que je retire les vingt milliards de peluches (éléphants: 87%) du lit de mini, et que je fasse tout moi-même, les machines sont d'une bêtise affligeantes, elles restent là où on les branche, et après on dit qu'on est au XXiè siècle, mouais mouais mouais. Ensuite, remettre les draps propres (compter le nombre de lits et multiplier par le chiffre trouvé puis par le nombre de draps, ce qui donne environ une demi-journée ininterrompue de boulot, sans machin chonchon collé aux chaussettes, sinon, c'est carrément trois jours). Pourquoi j'y arrive plus? Avant j'avais l'impression d'être so perfect, mais en fait non, je suis nuuuuuuuuulle.

Résumons la situation:
Le linge de lit attend d'être changé et lavé. L'aspirateur attend d'être passé. La chambre des filles attend d'être rangée correctement. Les papiers qui traînassent sur mon bureau attendent d'être triés. Les filles attendent avant d'obéir et de respecter les minima sociaux. Chonchon attend d'être pris dans les bras pour que je ne puisse rien faire.

Et moi, j'attends que tout se fasse tout seul, mais je pense que je peux attendre longtemps.




Libellés :