20 décembre 2006

alix dort au château

La saga continue.
Je sais, je sais, ma vie est tellement au-delà des mots, des tas de gens n'ont pas dormi dans un château et moi, oui, plein de fois. Trop j'ai de la chance, sauf que non, parce que des fois, qui dit château dit malheureusement aussi ce qu'il ya autour. Evidemment, on ne voit souvent que le côté lumineux et glamour, et jamais l'autre face, plus lugubre limite catacombes (oh hé j'exagère si je veux).
Je me souviens particulièrement d'une fois, j'étais majeure donc c'était comme hier, donc pas si lointain que ça...

J'étais venue avec mes parents, et je logeais au premier étage. En fait, c'est bizarrement foutu, on monte d'abord un escalier de pierre, avec à gauche une tapisserie sur le mur (cher, très cher ça, bon business), et de l'autre une rampe. Ensuite, on peut soit virer à 180° et monter un autre escalier de pierre. A gauche, la rampe. A droite, des fenêtres d'environ quatre mètres, ptêtre pas autant en fait, mon souvenir est brouillardeux. Quand on arrivait en haut, il y avait plusieurs chambres.

A dire vrai, je n'ai pas eu l'occasion, étant petite, d'aller à cet étage. Il était réservé à l'époque à Bonne-Maman (pas la confiture, voyons)(BM pour les intimes), qui a vécu centenaire, et à ses filles sans (pas ou plus) de mari. BM avait une cage immense rempli de canaris, que ça piaillait là-dedans, et dans sa chambre, il y avait un pot du même nom. Le lit était grand comme trois fois mon canapé, mais je ne sais pas non plus si d'autres personnes ont eu le privilège d'y dormir. En tout cas, la déco était quand même vachement portraits de famille dans des cadres enluminés, et fichez moi la paix si c'est pas le bon mot (ah bourdel, mon éducation remonte, au secours). J'ai en mémoire des portraits sombres encadrés de doré, après, je ne peux plus faire de descriptions précises. Dommage, hein. Faudrait que j'y retourne, mais pour de sombres histoires d'héritage, c'est malheureusement impossible. De surcroît (j'avais envie d'écrire de surcroît, pof, deux fois!), je ne suis pas spécialement recommandable dans la famille, quand on parle de moi se dégage une odeur de flammes et de brûlé, donc pour ouvrir les portes des châteaux, dommage encore.

Donc voilà, c'est bien joli, tout le monde attend l'anecdocte.
J'étais donc invitée, de ce temps, à dormir au château.
Et ce n'était point par l'escalier de pierre menant vers la chambre aux canaris, mais par un escalier de bois casse goule, planqué derrière une porte, qu'on devait passer pour accéder à nos appartements. Je me souviens des marches inégales, puis du carrelage ancien rouge sang. Là, trois chambres. Les lits sont en fer forgé, et surtout excessivement hauts. Dans la première chambre, à gauche, trois lits, c'est dans un de ces lits que ma soeur et moi fûmes confinées à l'été 1981, quand on a attrapé la coqueluche (1981, oui oui, et pas 1881). Puis on avance, on passe une autre porte, et encore à gauche, une grande chambre, avec un lit immense, très haut aussi. Le mobilier est tip top, une coiffeuse ancienne que je ne saurais dater, du papier peint jauni, des cadres dont j'ai oublié le contenu. Attenante à la chambre, une salle de bains, avec un wc, un lavabo et une baignoire. Le petit plus, un mini lave-linge, authentique hein!. Quand on sortait de la chambre, en face dans le couloir un lit. Et au fond, une chambre derrière une porte de bois à l'ancienne, avec la fermeture à loquet en métal.

Après un séjour au Salon (qui vaut son pesant d'or, pour une prochaine fois pitêtre?), vient le moment de se coucher. Et là, si tu n'as pas prévu: trois gilets, deux pyjamas, trois grosses paires de chaussettes, voire un bonnet de nuit, tu es très très mal. Il fait 10°C maxi dans la chambre. Mes poils gèlent, mes dents gèlent, mon U gèle. J'hésite à entrer dans le lit (gelé comme l'antarctique) avec mon manteau, mes gants, mon écharpe et mes chaussures, tellement j'ai froid, punaise, ils ne peuvent pas chauffer, un radiateur électrique pour dépanner, pitiéééééé!
Bon, quand faut y aller, faut y aller.
Je me suis couchée.
Après environ deux minutes, où j'ai frôlé l'apoplexie, j'étais bleue, vraiment, les amis, je me souviens de mes dents qui s'entrechoquaient, de mes genoux qui marquaient le rythme (à l'époque point de graisse pour leur imposer le silence). L'édredon pèse trois tonnes, et réchauffe vite, heureusement.
J'ai honte.
Oui, honte d'avoir bien dormi.
Par contre, le matin, il a fallu se lever.
J'ai d'abord fait un test : mettre un orteil par dessus l'édredon à fleurs rouges.
Gel immédiat. Pourtant, j'avais des chaussettes.
Je pense que c'est parce que j'ai eu envie de faire pipi que je suis sortie du lit avant le dégel, au printemps. Et croyez moi ou non, il faisait encore PLUS froid dans la salle de bains. Personne n'avait eu l'idée de mettre un radiateur là-dedans, je sais pas, une bonne ou un majordome quand je dormais n'a pas eu cette idée? Ah oui, c'est vrai, point de bonne et encore moins de séduisant majordome.

Voilà, j'ai dû garder mon manteau, une veste en polaire et mes gants toute la journée, pour compenser la chaleur perdue pendant ces trois minutes.

Je me souviens encore de ce matin, encore un matin, un matin pour rien.

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