04 décembre 2006

highway to hell

Quelque chose gronde par ici, et je peux vous dire d'avance que ce n'est pas la révolution. Au contraire. C'est mon Pierre Richard. Il m'inquiète. On dirait qu'il ne se rend pas compte, je vous assure, c'est effrayant au plus haut point.
Il m'a dit l'autre jour: "C'est fou comme je peux être bordélique, au boulot".
Ah oué. Balancé comme ça sans une once de remords. J'imagine tout à fait ce que ça peut être, parce que je vois tout à fait comment il fonctionne:

- Sa mission quotidienne consiste à laver la vaisselle. C'est quand même pas super compliqué, la vaisselle. Chiant, je conçois. Justement, on sent dans les résidus de bouffe qui restent sur les assiettes, les couverts et les casseroles qu'il trouve cette tâche over pénible. Bah faut pas s'étonner que les gamins chopent la gastro, les bactéries s'en donnent à coeur joie dans la crasse, pour peu que je m'en aperçoive pas (jetez moi la pierre), le matin, avec mes yeux collés et la bouche pâteuse, dans le brouillard absolu. Oh tiens, justement, je peux deviner ce que les enfants ont mangé le midi sans qu'on me le dise, c'est un peu mon pouvoir à moi.

- Après le lavage, y'a le rangement. La vaisselle, d'une propreté douteuse, stagne dans ses propres miasmes, sur l'égouttoir sur-blindé. Vous connaissez le jeu du mikado? Là c'est un peu pareil, vous prenez un truc, faut faire gaffe que tout le reste ne vous tombe pas sur les pieds. Aïe. Et le pauvre homme a une façon bizarre de tout mettre sur l'égouttoir: les couverts dans les verres (les moisissures ont le temps d'arriver pendant la nuit), les choses qui cassent en équilibre. C'est un peu un jeu, finalement, le matin, les yeux collés, la bouche pâteuse et dans le brouillard absolu.

- Le linge. Tout ça ne s'est pas arrangé du tout. Surblindage du lave-linge, déjà. Vraiment, ça me répugne, de fourrager dans le tambour à la recherche de linge crados à retirer. Bon, hier, il était tout fier de lui parce qu'il avait rangé ses fringues dans le placard (première mondiale), viré plein de trucs moches (pas tout, malheureusement), sauf qu'il trouve toujours une belle (sic) chemise à récupérer du tas d'affrosités, et que cette chemise est encore à l'heure qu'il est en train de trainer. J'en fais quoi? Je la jette, ce qui impliquerait le déni de l'effort de rangement qu'il aurait accompli hier? Remarquez, je pourrais toujours dire que je ne l'ai jamais revue, et que ouioui, il l'a mise à la benne et que nonnon, on ne reverra plus jamais ce bout de tissu. J'hésite.

- Les trucs qui traînent. Pas qu'un peu, je vous le dis. J'habite avec un spécimen d'homo sapiens qui entreprend plein de petites constructions, fabrications et autres bricolages divers sans jamais trop les terminer. Exemple: il ramasse n bouts de bois dans la forêt, les taille plus ou moins, et fabrique pendant des heures une petite maison en bois. Un petit radeau aussi. Sauf que la petite maison, pas très solide, fut posée en équilibre sur le radiateur. Qu'arriva t'il à la cabane du trappeur? Elle s'écrasa au sol. Répandant tous ses murs et son toit dans la cuisine. L'architecte pris tous les morceaux de bois, et décida de ne pas reconstruire son oeuvre. Tout ça traînasse dans le placard sous l'évier, je n'ose pas les jeter, j'ai peur de le vexer.
Autre chose (ou devrais-je dire: précepte voire principe de base): ne JAMAIS ranger ce qu'on a déranger, et ne JAMAIS le remettre à sa place. Quand on habite à cinq dans 58m², il faut de l'organisation, que tout ait une place, sinon c'est vite le bronx. Je passe mon temps à ça, si on regarde bien.

- Le bricolage. Le vrai, l'utile, l'indispensable. Par exemple, ça fait trois mois que je lui demande de changer la porte de la chambre de chonchon. C'est une porte coulissante, et mon bébé s'est déjà coupé deux fois assez profondément en jouant avec et en mettant ses petits doigts sur le rail. Je hais cette porte, elle est moche, elle se désaxe, elle abîme les doigts et chonchon joue tout le temps avec. Je suis tout le temps obligée de dire "NON NON NON PAS LA PORTE". Relou. Pierre Richard prend les cotes, va même à point P, et revient un quart d'heure après sans rien, il n'a pas trouvé. "Je ferai ça le WE prochain". Ah tiens, c'est ballot, je bosse ce week-end, je n'ai pas le temps de m'occuper de la porte. Voilà, ça fait un mois. Devrais-je entreprendre les travaux moi-même et exploser cette porte avec une masse pendant qu'il est au taf? Aller moi-même chez le vendeur de portes pour lui exposer mon problème et le supplier de venir faire les travaux, j'en peux plus, monsieur, s'il vous plaît, soyez Bon, je vis avec un adepte de la procrastination, mais à ce point, je me permets quand même de penser qu'il s'agit plutôt du meilleur partisan du moindre effort du monde entier.

Je ne vous parle même pas de Pierre Richard qui (essaie de changer) change un fusible. Allumer-éteindre allumer-éteindre allumer-éteindre, ah ben pourquoi ça marche pas?! (ton surpris). Il a révolutionné le disjoncteur, ça nous a fait un mini-pestacle de Noyel, tous ces sons (ah merde put*ain ça m'énerve pourquoi ça marche pas bourdel! grr grr brr grr) et lumières (jour/nuit, njour/nuit). Top l'éclate. Finalement, il a du trouver la solution pendant la nuit, il a eu une révélation lors d'un rêve, l'ange Plombs a resplendi de toute sa lumière dans son cerveau, parce que dimanche matin, mirakeul, ça a fonctionné. Après moult trifouillages, la lumière fut de retour dans la cuisine. Il avait quand même préparé un campement de fortune, avec une lanterne, on ne sait jamais.

Ah ben comme ça, je rigole bien, vous me direz, je ne m'ennuie jamais.
Et à sa déclaration:"Ce que je peux être bordelaïque, au boulot, truc de ouf", je lui ai répondu "mon chéri, retire "au boulot", c'est vraiment deux mots de trop".

Au prochain épisode, Pierre Richard au pays des mots, et surtout des diminutifs à la con, si vraiment, j'insiste.

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