15 décembre 2006

noël au château: les moutons

Chose promite, chose dute.

Un Noël au château, c'est intense.
Un de ces 25 décembre, j'ai essayé de droguer des moutons. C'est nul hein. Pov bêtes. Bon j'étais avec mon frère, qui n'était pas le dernier non plus niveau arrièrage mental, mais quand même, c'était pas une raison pour non plus.

Chaque Noël, nous allions dans le château berrichon d'une grande tante (alias TS, pour les intimes)(paix à son âme), qui organisait une méga teuf pour toute la famille.

Quand je dis la famille, c'était mes parents, mes trois soeurs, mon frère, la soeur de ma mère, son mari Michou, ses trois enfants, l'autre soeur de ma mère, le frère de ma mère, la comtesse, ses enfants de plus en plus nombreux, les cousins et cousines de ma mère et leurs enfants (Christian, tu es gentil, mais con)(Maguelonne, ton prénom est moche et t'es coincée comme un piquet au milieu d'un champ scout), les grandes-tantes et grands-oncles -les super vieux-, mon grand-père, et je crois que j'en oublie, sans doute parce qu'ils étaient beaucoup trop bien habillés.

Donc on arrivait au château non pas par la route de la ferme, réservé aux roturiers, mais par l'Allée. Avec un grand A. L'Allée était un vaste chemin de terre, bordée par des barrières et aussi par des champs de maïs. Pas goudronnée ni rien, chemin de terre de Noble.
So so smart! La classe intégrale.
La renault 21 nevada vert sapin de mon père avait les amortisseurs qui bossaient sévère, et on arrivait nauséeux devant le château. C'était pas rien, le franchissement de l'Allée, un peu comme un test. Et quand on était à l'intérieur du château, on pouvait voir qui venait au loin, et on se gaussait comme des nobles (comprendre: on ricanait niaisement avec à max de coincitude) en aperçevant la dodoche de Tante Vevette. Ne commencez pas à critiquer les noms, vous n'en aurez jamais fini, believe me, babies. Comment ça faisait? Comme ça: "tiens y'a une voiture au bout de l'Allée, mais qui c'est donc que ça peut bien être?" Scrutage. Observage. "Ah tiens, c'est les du Gratin Parmentier, tu sais, la dame qui met des shorts en éponge par dessus sa culotte et son mari qui a le manteau poussiéreux!".

Bref.
Pour situer un peu visuellement l'endroit, c'est une grande bâtisse tout en longueur. Point de vue (images du monde) architecture, je pourrais pas trop décrire, je suis nulle en constructions. Je dirais fin XIXè siècle. Devant, un énorme cèdre, qui a été tronçonné depuis. Au bout, le cellier. On rentre dans le vestibule en grimpant trois marches. Au fond du vestibule, deux canapés verts, d'ailleurs ces choses ne doivent pas s'appeler canapés, mais sièges longs Empire, par exemple. Il fait froid, car ce n'est pas chauffé. Prévoir une double parka et quinze écharpes. Quand tu es dans le vestibule, tu peux choisir d'aller à droite: le Salon. Le Salon pète sa race. Seule pièce chauffée de l'endroit, aussi. D'abord lieu privilégié pour les plus de soixante-quinze ans. Sinon, il faut un passeport. Là, t'as des tableaux mortels, des portraits d'ancêtres, une tapisserie qui vaut des milliers d'euros, la table de bridge. Un tapis grand comme toute la surface de mon appart au sol. Bon ça sent un peu le formol là dedans, et aussi la gitane maïs. La déco bute, tu te croirais au musée. Moi, je trouvais ça normal hein, j'ai toujours connu cet endroit.

A gauche, c'est le couloir, vers la salle à manger et la cuisine, mais aussi vers l'escalier qui mène aux étages. Et aux toilettes aussi, où t'as intérêt à faire dare-dare ta commission si tu ne veux pas geler du cul, avec formation de stalagmites dégoulasses (ne pas aller là bas pendant la mauvaise période du mois). Bref, j'en ai des anecdoctes, mais aujourd'hui, c'est l'heure des gitanes maïs, à Noël 1991 (par là).

Quand tu as reçu ton cadeau (une soucoupe ébréchée ou une manique), tu commences à tourner un peu en rond, dehors il fait froid, au Salon, les vieux racontent que des trucs sordides (dimanche dernier c'était l'enterrement de Monsieur de la Coucouille), inintéressants (j'ai vu madame Vaginus de L'Utérus, la semaine dernière, son fils s'est mariée à un du Quesnoy, ils ont emmenagé à Tours, leur premier est pour juillet), voire captivants (alors alix, tu nous racontes quoi?), t'es obligée de répondre, alors que t'as pas envie, soit tu attends le déjeuner, soit le goûter brioche, alors bon, faut bien s'occuper ok, mais pas comme ça. Alors avec mon frère, on a fait un jeu débile.

On s'est mutuellement lancé un concours de celui qui réussissait à piquer le plus de clopes différentes.
La cigarette c'est mal. Très très mal.
Un paquet qui traînait sur la cheminée? Hop hop chourrage.
On allait la fumer dans la forêt attenante, derrière un bosquet, en ricanant.
Au bout de quatre ou cinq, on aperçoit le paquet de gitanes maïs. C'est le paquet de notre hôte, la fameuse TS.
Rhooo le défi!
Tu crois que c'est bon?
Chais pas, mais en tout cas, ça pue.
Bah, on s'emmerde, on n'a qu'à essayer.
On s'est barrés fissa avec notre trophée. Dans la forêt. Vraiment, on avait un peu honte quand même, alors on a poussé plus loin. On allume le truc. J'en ai encore le goût dans la bouche tellement c'est dégueu, j'ai envie de vomir. Mon frangin, pareil.


On était verts tous les deux quand on a entendu: Bêêêêêêêêêêêê.

Gn?
Bah quand même, la TS n'aurait pas muté pendant notre ingestion de fumée toxique? Se serait-elle rendue compte de la disparition de sa drogue et nous aurait-elle suivis dans les bosquets, après avoir enfilé son manteau en poils de chameau?

On se retourne.

Des moutons.

Uhuhuhuhuh.

Punaise ça fout vraiment le cerveau en l'air ces machins. On a jeté la gitane dans le pré aux moutons, qui ont sniffé la chose avant de s'enfuir à l'autre bout du pré, en bêlant comme des malades.


Je m'appelle Alix, et j'ai drogué des moutons.

Dois-je avoir honte?


La prochaine fois, Alix déjeune et dort au château. Et c'est pas de la tarte.

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