12 décembre 2006

noël et cheminée

C'est bientôt Noël, et si.
Les décorations de rues se développent, j'ai donc une revendication purement formelle à émettre à notre maire, à qui j'éviterai de parler de visu, car c'est un pervers qui a vingt-six girlfriends et cinquante-quatre potentielles qu'il ne manque pas de reluquer avec lubricité. Bref, juste au passage, je voulais lui dire que sa déco de Noyel fait tanche et cheap, que ça se voit qu'il a préféré se payer un séjour à Saint Moritz avec le budget lumières 2006. Des guirlandounettes qui pendassent lamentablement des poteaux, des lignes vaguement lumineuses agrippées entre deux arbres, sur une seule rue, ça craint.
Bref, c'était juste une remarque, en passant, justement parce que j'y pense et qu'il fait nuit à 17h24, donc on est sensé profiter plus que ça des magnifiques lumières et des sapins aux boules énormes, comme ça t'en mets moins.

Enfin bon, vous savez, quand on a été éduquée dans la religion catholique pas protestante plutôt intégriste, on est plutôt exigeant sur ce que peut représenter les différents symboles de cette fête lumineuse. Sachez que je n'ai jamais cru au père Noël, mais au petit Djizeusse, qui était un bébé fortement balaise pour apporter des jouets à tous les petits cathos du monde dès sa naissance. En fait, il avait des pouvoirs maaaagiques, mais ça se disait pas, parce que la magie c'est mal et qu'après tu brûles en enfer pour toujours, waouh la vilaine malédiction.
Après ce petit lavage de cerveau, mise en jambes pour te faire aller brûler des cierges à l'église, j'étais donc persuadée que le petit Djizeusse, trois heures, emballait mes cadals et les déposait devant la cheminée. Il était vraiment super intelligent, car chaque année, on changeait de lieu de fête (chez Mamie ou chez l'autre Mamie, tout dépendait), et ben il trouvait systématiquement où on était. Fortiche, le nouveau-né perpétuel.

J'y ai jamais cru, mais lui croyait en moi. Et non, je ne suis pas née en 1953, quoique vous pensiez.


Au bout d'un moment, la fantaisie n'a plus fonctionné, et il a bien fallu que je me rende à l'évidence: ce n'était pas le nouveau-né mugissant au sein de la Vierge (j'ai hésité à mettre la majuscule, et puis j'ai trouvé ça plus crédible hinhin) qui se donnait la peine d'emballer mes cadals, c'était ma famille, mes parents entre autres. Je n'ai pas protesté devant l'arnaque, j'ai toujours été fort raisonnable, so perfect, d'ailleurs personne ne trouvait rien à me dire tellement j'étais sage et exemplaire, voire pieuse (à deux ans, je chantais "Allez les verts" à la messe de minuit). Bref, personne ne se doutait de l'infâme créature qui sommeillait en moi, fort heureusement pour eux, je crois que je leur ai permis de vivre quelques années de plus dans le confort de l'illusion que la tradition du petit Djaizusse perdurerait au-delà des générations, amen allélouiah.

Enfin, je me souviens de la vingtaine de paires de chaussons devant la cheminée, des paquets devant chaque paire, la froideur du carrelage (je n'étais jamais près du feu qui réchauffait, par définition, j'étais à côté de la table basse), le bruit du papier froissé (direct dans la cheminée), des adultes qui nous regardaient déballer les paquets... Avec tous mes cousin(e)s, c'est sûr que ça faisait du monde à gâter (devinez à qui j'ai emprunté cette délicieuse locution), et quand je nous regardais à l'époque, rien ne pouvait présager de notre avenir, du fait que je serais la seule à ne pas avoir des idées réacs, à ne plus m'habiller en jupe plissé bleu marinee mit col claudine top affreux, à ne plus courir à l'église tout en crachant sur la misère du monde. Et d'autres, mais j'en passe, à la limite je peux les réserver pour la prochaine fois. Alors que cette bande de scélérats ont ouvert des paquets de Noyel avec moi, maintenant ils pensent que je suis l'anté-Djizeusse.

C'est bizarre, j'ai plutôt de bons souvenirs de cette période, mais ptêtre que c'était à cause de la neige. Noël sous la neige, punaise, ça bute grave. Pas comme le pauvre petit 5°C qu'on se tape chaque année (j'ai un doute sur l'année dernière vu qu'à cette période je circulais encore en tongs). C'est parce que je ne crois plus au little Djizeusse, du coup il punifie tout le monde en supprimant la neige à Noyel.

Quel radasse.


Prochain épisode: Alix fête Noyel au château et fait fumer des gauloises maïs aux moutons.

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