15 février 2007

j'ai survécu

Depuis quelques jours, ça m'angoissait.
J'en ai fait des insomnies, des rêves zarbis et compagnie.
J'en flippais à l'avance, tout simplement. Enfin, non, pas simplement, mais plutôt très difficilement, j'en avais mal au coeur aussi.

La pose de mon stérilet.

Brrr. Brrr.
La dernière fois, j'en avais ressenti une douleur intense et ensuite fait un malaise vagal, alors forcément, même avec un accouchement de plus, je n'avais pas spécialement envie de me précipiter les pieds dans les étriers. Celles qui disent que ce n'est pas douloureux, surtout ne les croyez pas, elles mentent ou alors elles ont un utérus bionique.

Alors hier, c'est la peine dans le coeur que je me suis rendue chez mon doc préféré. J'avais envie de le faire, mais juste qu'on m'endorme pendant un quart d'heure. C'est lâche de ne pas vouloir ressentir la douleur, non? La dernière fois, je ne pensais même pas une seconde que j'aurais mal, alors ça m'a surpris. Mais là, je savais. Je le savais que mon petit utérus allait jongler sa mère, lui qui justement a tant fait pour ma famille.
Dans le train, je faisais semblant de lire.
Dans le métro, j'écoutais mon MP3, avec un air détaché impayable, alors qu'à l'intérieur j'étais toute torturée, je n'osais pas regarder mon ventre, que j'avais planqué sous mon manteau, comme ça c'est plus pratique, pas de tentation. Je regardais les gens sans les voir, c'est assez spécial comme sensation, comme si rien ni personne ne pouvait me toucher (alors que franchement, je veux pas dire, mais dans le métro, tout le monde se touche, surtout à 18h).

Bref, j'arrive devant son cabinet le ventre retourné et le coeur en vrac, à moins que cela ne soit l'inverse. J'appelle Pierre Richard pour lui dire que j'hésite, que je ne sais pas si je vais monter, il me rassure, mais il en faut beaucoup.
Comme je suis courageuse tout plein, je finis par y aller, et mon gynéco que j'aime quand même un peu finit par me recevoir.
Je lui confie mon angoisse, je lui dis que j'ai peur et lui me répond:
"Pov lapinou"
Je l'aime voyez-vous, il m'appelle lapinou maintenant.
C'est pour m'amadouer, je le sais. Il ne me dit pas que je ne vais pas avoir mal, il ne me dit pas le contraire non plus, il ne me dit pas si je risque encore de tomber dans les vappes ou pas. C'est vrai quoi, chuis pas une chochotte moi! Et que le mot chochotte le fait ricaner, ah ah ah. Et pourquoi je vous prie m'a-t'il prescrit un stérilet pour nullipares, hum? Ah? Parce que c'est plus petit et qu'on est censé avoir moins mal. Je suis un peu soulagée, quand même.
Il me raconte qu'il obligeait son fils à faire du solfège, du violon et puis de la harpe. Qu'il a failli l'assassiner parce qu'il faisait n'importe quoi, et qu'avec le recul, il ne l'aurait pas obligé. Comment noyer le poisson. Et que patati la fille au pair qu'il a employé patata.
Sans prévenir.
AÏEUH
Ah ben c'est bien cette douleur là dont je me souvenais.
AÏEUH MEGA OUÏEUH
Par contre celle-là, elle n'y était pas la dernière fois.
Bouhouhouhou, mais euh.
Au bout du compte, j'ai eu droit à QUATRE contractions équivalentes à des contractions d'accouchement (je connais mon affaire), et bé punaise, j'en tremble encore.
Il redresse la table, ouvre la fenêtre et me tamponne la face avec une serviette trempée. Ah ah ah ça me fait rigoler parce que j'ai beaucoup de niaise attitude ancrée fortement dans mon cerveau. Ensuite il me dit:
"Bah je pourrais vous porter jusqu'à la chaise, je suis très FORT" (environ 1m70 et 70kg, et encore)
"Genre" lui rétorque-je en descendant comme une héroïne. Il me répète "ça va?" toutes les quinze secondes, mais oui, ça va, j'ai juste TRES mal au ventre, et c'est VOUS qui m'avez pulvérisé l'utérus avec vos instruments de torture. Je tremble un peu et j'ai envie de vomir, je mets trois plombes pour me rhabiller et remettre mes chaussures. J'ai ensuite droit à une échographie, que genre ça va me rappeler des souvenirs, mais en fait pas trop, parce que j'ai mal, et voir son utérus mit stérilet dans la télé, c'est moyen émouvant.
Il me tient la porte quand je repars, me dit trois fois au revoir, avec l'impression qu'il allait me faire la bise comme si on était potes, et finalement me dit, sur le palier "l'escalier, c'est par là" en riant sous cape, mais j'ai fait semblant de ne pas avoir vu, il se moque gentiment parce que je suis gravos à la ramasse.

En rentrant, je me suis trompée de sens quand j'ai pris la ligne 14. Heureusement que la dame a dit "châtelet" et que je me suis dit "ah merde", parce que je pense que je serai arrivée à l'autre bout de la ligne. Remercions la modernitude, amen.

Je finis par arriver vivante chez moi, après avoir béquetave un paquet de 3x2 twix sans aucun remords en lisant cosmo.

Une fois dans mon canapé, c'est mon Pierre Richard qui m'enlève mes chaussures, et je resterai bien 1/2heure en manteau avec mon sac en bandoulière vautrée dans mes coussins. J'ai mal au ventre et je prends du di-antalvivic, même si théoriquement j'y ai pas droit parce que j'allaite, ouh ouh ouh. Après il m'apportera six raviolis de langouste frits du restau chinois d'en bas, dont un méga périmé.
Il m'interrogea toute la soirée qui s'ensuivit sur le véritable fonctionnement du stérilet (il était persuadé que le gynéco s'emmerdait à mettre le truc jusque dans les trompes, mouarf), m'empêchant de regarder tranquillement Gil Grissom à la tévé.
Ensuite, je me suis endormie, comme si cinq rames de la ligne 14 avaient roulé sur mon corps.

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