17 ans et demi

D'habitude, quand mon téléphone sonne, je fais ma grosse (si si j'insiste) pédante et je ne décroche que si le numéro s'affiche. Bah oui "anonymous" ou ben alors "appel inconnu", je m'en méfie comme de notre horrible séprident de la pérublique. C'est très superficiel et limite les relations mondaines, je suis d'accord. Mais c'est comme ça, faut s'y faire.
Cependant, des fois, le numéro ne s'affiche pas et c'est quand même des gens que je connais qui m'appellent, alors bon, ça la fout mal de leur dire qu'on leur a fichu un vent sous prétexte qu'on est une personne exigeante dans ses relations téléphoniques.

Donc, souvent, je décroche quand même finalement, assaillie par le doute et la culpabilité. J'en rajoute là?
Or, l'autre jour, alors qu'il pleuvait dehors, le téléphone résonne pendant la sieste de Chonchon. Misérable individu qui ose perturber ainsi sa ma tranquillité?
Une sondeuse. Pas le truc sekchuel, la femme qui fait un travail en téléphonant aux gens pour leur demander des trucs sur leur vie privée (genre combien de paquets de Vania Silhouette achetez vous par an? Avez-vous déjà mangé du caribou?). Bref. Je décroche donc.

-Allô madame Richard (dieu que ça m'agace qu'on m'appelle comme ça: moi, perso, je m'appelle Alix de la Haute des Yvelines, comment ne pas vouloir porter un nom pareil?), je suis Nadine Sondages Haris -comme le pain de mie?-, nous réalisons actuellement une étude sur les comportements immobiliers des Français entre 18 et 59 ans...

- Bon là je vous coupe tout de suite, j'ai 17 ans et demi, désolée, au revoir.

J'ai beaucoup ricané après. Elle peut s'estimer heureuse, Nadine, le dernier qui m'a sondée est mort dans d'atroces souffrances. L'avant-dernier a eu droit à Metallica direct dans ses esgourdes à lui qu'il avait.

Oh yeah. Ne m'appelez pas Anne Roumanoff, j'essaie d'être drôle quand même un peu.