03 novembre 2005

histoire d'école

Il était une fois une petite fille qui allait avoir trois ans. Plutôt timide, elle se cachait derrière sa peluche quand un inconnu lui parlait (au mieux). Par facilité, on pouvait déduire de ce comportement le fait qu'elle n'avait jamais été gardée à l'extérieur. Mouais. Elle était quand même toute rigolote et pleine de joie de vivre. Un peu fofolle, somme toute.
Or, en ce 29 août 2005, cette petite fille rentra à l'école.
Elle pleura beaucoup les premiers temps. Ce nouvel univers bouleversait ses habitudes. Son papa et sa maman pensaient qu'elle allait s'habituer. Naïvement.
Trois semaines passent, toujours la même crise le matin, elle caresse nerveusement la main de sa maman quand elle arrive devant la porte de la classe. Elle pleure quand sa maman s'en va.
En plus, sa maman attend un bébé et est fatiguée, du coup la petite fille reste à la cantine deux fois par semaine. On ne peut pas dire qu'elle le vive bien.
Finalement, un petit garçon la prend plus ou moins sous son aile. Il la monopolise. Lui apporte ses feutres quand elle veut dessiner. Ou un puzzle. La tient par la main, la réconforte. C'est du moins ce qu'on croit.
Malgré tout, quand l'heure de la sortie arrive, la petite fille est toute triste, toute blanche. Limite sa maman ne la reconnait pas tellement les cernes lui bouffent le visage. Son sourire a disparu. Il parait aussi qu'elle se fait martyriser dans la cour, qu'elle pleure, mais que personne n'intervient. Cela ne peut pas être vrai, dit la maitresse qui surveille la cour aussi bien que moi la sortie du dernier album de Lorie.
Alors ses parents décident de prendre rendez-vous avec sa maitresse. Elle leur dit que la petite fille ne se mêle pas aux autres, qu'elle s'isole. Elle leur dit aussi qu'il va bien falloir que ça marche, et qu'il n'y a pas de raison que cela ne fonctionne pas. Qu'elle a un comportement d'enfant de crèche. Qu'elle n'est pas du tout sociable (urgh). C'est vrai, quand même, ça s'est jamais vu, un enfant de trois ans qui ne s'habitue pas à l'école. Pff. Encore naïvement, ils croient la maitresse qui leur dit que oui, elle va faire plus attention à la petite fille, qu'elle va essayer d'être plus affectueuse, plus protectrice.
Mouais.
Une semaine passe encore. Rien ne semble s'améliorer, la maitresse déclarant que la petite fille simule tout pour que sa maman la garde à la maison.
Un mardi matin, la petite fille hurle pour ne pas aller à l'école. Son langage est un peu dur à comprendre parfois, mais là, pas de doute. "Pas école pas école", c'est clair, non? Sa maman est déchirée, mais la laisse quand même hurlante et débattante dans les bras de sa maitresse (ronchon).
Le soir, la maman apprendra que la petite fille a été tapée, de la bouche de son autre petite fille.
Hum.
Le jeudi, la maman apprend donc que la petite fille a été giflée, tirée par le col du t-shirt sur le sol, qu'on lui a envoyé du sable dans les yeux. Quasiment en toute impunité, personne lui explique rien, sa maitresse punit dans un coin le fautif, mais sans plus. Et surtout qu'elle n'a pas prévenu la maman, attendant que celle-ci s'enquiert de la mésaventure de sa fille.
C'est insupportable pour la maman, qui en parle à la maitresse, car c'est vrai qu'elle songe à la déscolarisation. Rien ne va plus, la petite fille est éteinte, elle est malheureuse, ça se sent, ça se respire.
La maitresse trouve que ce n'est pas normal de ne pas s'habituer. Ben oui quoi, bordel, le marche ou crève à trois ans, ça a toujours fonctionné, pourquoi donc la petite fille ne rentre t'elle pas dans le moule?
C'est à ce moment-là que la petite fille commence à faire des cauchemars. Glaçants. Elle hurle à moitié endormie dans son lit :"Non, pas toi, va t'en" ou alors "papa! maman! papa, viens!!". Argh.
Vraiment, ça ne peut plus durer.
La maman de la petite fille en parle encore à la maitresse, qui suggère qu'elle consulte, parce que c'est pas normal de faire des cauchemars comme ça, de réagir si fortement. Argh. La petite fille commence aussi à se taper la nuit pendant lesdits cauchemars. Au secours.
Le dernier jour de classe arrive, la petite fille a dormi seulement quatre heures. On dirait qu'elle refuse de dormir. Elle se réfugie dans un univers totalement imaginaire. Elle pète le plomb en live. La maman va voir la maitresse, qui s'entête à proposer une consultation de psy, afin de demander un changement de classe. Refusé. Soit disant c'est déplacer le problème. La maman songe de plus en plus à déscolariser sa petite fille, ce n'est plus possible dans ces conditions. Soit disant la maman protège trop sa petite fille, qu'elle est fusionnelle, et que c'est pour ça que ça marche pas. Mouarf.
Les vacances arrivent. Le comportement de la petite fille s'améliore, elle est plus ouverte, dit bonjour aux gens qu'elle connait (et même à ceux qu'elle ne connait pas d'ailleurs), joue au square (un peu) avec les autres enfants. Mais on sent une tension intérieure, elle a peur d'un je ne sais quoi. Finalement, son papa et sa maman décident de la déscolariser. Après tout, c'est le boulot de sa maman (quand elle travaillait uhuhu), et puis pleurer comme une madeleine à chaque fois qu'elle rentrait de l'école, parce qu'elle sentait sa petite fille malheureuse, ce n'était plus possible.
Jour de rentrée. On prévient la maitresse. Sa seule réaction:"bon, je la raye de la liste alors?" Ouais, c'est ça, raye-la. "Je suis désolée". Ben oui, vous pouvez, madame l'institutrice.

Cette petite fille, c'est ma Mini.
Sa maitresse, c'est la grognasse de service qui veut rester sourde aux cris de détresse d'une enfant de trois ans. Son instruction, c'est moi qui la lui ferai, à la maison, pendant son année de petite section. Heureusement, je ne travaille pas. Heureusement, je peux le faire. Sinon, que serait-il advenu de ma petite fille? Je n'ose y penser. Certes, ça me fait mal au coeur de penser qu'elle aurait pu s'épanouir dans une classe sympa, avec une maitresse attentive. Et que là, ce n'est pas le cas.

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