18 juin 2006

numéro bobo

Avec mon Pierre Richard, on se demande si on est normaux, des fois.
Où que l'on aille, on se retrouve forcément avec des gens qui nous crient dessus pas aimablement. Sans qu'on ne fasse rien d'extraordinaire: on n'insulte personne, on n'a pas un comportement obscène, juste on arrive et pan. J'en sais rien moi, pourquoi c'est comme ça, et je commence à m'inquièter quand même.

Hier soir, spectacle de danse de Nounette.
J'aurais déjà dû me méfier quand j'ai acheté les tickets vendredi soir, lors de la répétition générale. En fait, on avait le droit à quatre places, plus éventuellement quelques autres au hasard des réservations. J'en informe alors le gérant, qui compte ses chèques et annote nerveusement ses listings. Il me répond du tac au tac: nan mé c'est pas possible du tout hein, notre politique à nous, c'est que les danseurs assistent au spectacle, donc pas de places supplémentaires. Je suis un peu agacée, mais n'en laisse rien paraître, ils organisent (mal) leur show s'ils veulent. Mais comme je suis quelqu'un de sociable, malgré les apparences, j'engage la conversation sur le spectacle de l'autre association de danse de la ville. Oh grand malhor, qu'ai-je donc fait? Que c'est mal d'oser parler ainsi de la différence (en tout bien tout honneur, bien sûr, puisque n'étant pas voix de la sagesse, je ne les obligeais en rien à faire pareil, juste j'informe). Il me donne mes quatres misérables places et me jette un regard furibond sans un au revoir.

J'aurais du me méfier.

Oui, j'aurais du me méfier de la fiche d'information distribuée fin mai. "Pour des raisons de sécurité, les enfants de moins de deux ans ne sont pas acceptés" ou alors "Tarif unique, enfant, adulte, c'est pareil". Pour une asso qui se veut ouverte sur le monde, c'est moyen glop. Compte tenu du fait qu'il fait partie de mes droits de refuser de laisser hurler mon chonchon à la maison avec une baby-sitter, je l'emmènerai. Il est très sage et a déjà assisté au spectacle de la Lutine d'angel la semaine dernière et on ne l'a pas entendu. D'ailleurs, il a déjà l'âme artistique parce que la musique et la danse lui ont beaucoup plues. Par contre, s'il avait hurlationné tout du long, je ne l'aurais pas emmené cette fois. Quand même hein.

Forte de cette expérience, je mets mon bébé dans l'écharpe, et direction, le théâtre municipal.

Je précise que je tiens à aller au spectacle, j'ai fait tous les trajets pour accompagner ma Nounette à la danse à cinq heures tous les mardis, alors que l'école termine à 16h30 à l'autre bout de la ville. Sans voiture. Et sans bus aussi, sur la fin. Même enceinte jusqu'aux yeux, je l'ai fait. Douleurs ligamentaires ou pas. Une grosse galère parfois, il faut le dire.

Nous arrivons au théâtre, plus nombreux que nos tickets d'entrée. Déjà je perçois dans le public une assistance bourgeois-bohème, genre je suis coincé(e) mais je fais genre baba cool, et malheureusement ça me sied pas du tout. Franchement, ça m'agaçe ces gens qui se renient et en font tout un pataquès philosophique à deux balles. Vous cernez le style, la fausseté derrière le "open mind", l'attitude hypocritement décalée, moi ça me gonfle. En fait, je n'avais jamais perçu ça de manière si forte qu'hier, dans cette file d'attente puis dans la salle. A vrai dire, je trouvais jusqu'alors que la bobo attitude de la prof de danse convenait parfaitement à son cours, et je me disais que Nounette avait besoin de quelqu'un de zen et de tranquille.

Faut croire que je me suis trompée.
Si encore je m'étais méfiée.

Nous passons sans encombres le barrage des tickets, sauf moi, bloquée avec mon bébé dans l'écharpe. C'est vrai que ne n'ai pas demandé d'autorisation, mais je pars du principe que c'est la direction du théâtre qui décide du protocole de sécurité, et que si je suis passée la semaine dernière avec mon chonchon, dans ma tête c'est donc no problemo cette fois aussi. Les dames m'autorisent finalement à entrer, puisque je leur ai affirmé que mon bébé est très sage, et qu'ensuite, il a déjà assisté à un spectacle d'une heure et demi la semaine dernière. On me demande juste gentiment de m'installer près d'une porte, au cas où il se mette à chouiner.

La méfiance est mère de la prudence.

Malheureusement, pas de place disponible. Tous les bobos armés de leurs camescopes sont déjà assis, on y voit même un bébé, alors je ne m'en fais plus. C'est plein d'enfants, même, et je me dis qu'ils ne seront pas moins bruyants que mon fils. On réussit à trouver une place super loin de l'entrée, tout en haut. On s'installe.

Arrive alors une des profs de danse. Elle me dit (je retranscris ses paroles, qu'on ne vienne pas dire que c'est moi qui suis parano à dire qu'on m'agresse tout le temps): "AAAh, comment c'est possible qu'on vous ai laissée entrer avec un bébé! C'était marqué sur la fiche que les bébés n'étaient pas acceptés! En plus, vous êtes super loin de la sortie! Nan mais vraiment, pourquoi vous avez fait ça, vous auriez du nous le dire avant, qu'on trouve une solution blablablabla" facho land. On m'a laissée entrer, c'est tout. Mais si vous voulez, je m'en vais avec mon bébé hein. Sérieusement, ça m'énerve. Dans cette asso, je ne sais pas si vous l'avez cernée, c'est très "écoute toi, écoute ton corps, écoute ton âme". Et pas de bébés, parce qu'ils risquent de perturber leur oeuvre artistique vous voyez? J'ai zappé les conditions de sécurité lorsqu'elle m'a dit :" madame, vous faites quoi s'il se met à pleurer pendant le spectacle?".

Ahahaha. Bonjour l'accueil.

A ce moment, énorme silence. J'en profite pour partir et m'asseoir conventionnellement près de la sortie avec mon chonchon. Je pense avoir mérité ce spectacle, pourtant. Ben là, tout est gâché.

Interdiction d'applaudir entre les numéros. Pourtant, ma Nounette est trop mignonne, elle bondit si bien, ses petites couettes qui s'agitent, c'est trop chou.

La musique n'est pas là en permanence, d'où des gros moments graves et silencieux. Brr ça me fout les jetons.
Mon bébé est ravi quand même et pousse des soupirs d'aise pendant les silences, et craignant une nouvelle remarque désobligeante, je décide de partir.

Autant vous dire que j'ai les boules.


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