13 février 2007

cinquième tiroir

Bon j'ai bien vu qu'Antoine ne déchaînait pas les foules hein. Si si, j'ai vu. J'ai parfois des accès de niaiserie intensive, mais il y a des choses qui ne m'échappent pas. Heureusement, aujourd'hui j'ai prévu une histoire qui va vous glacer le sang, et surtout vous tenir grave en haleine jusqu'au dernier point. Mais si voyons, je peux faire ça aussi!
Comme souvent le dimanche, je regarde la tévé le matin, et quand les reportages d'Antoine sont terminés, à part le jour du seigneur sur la deux, les dessins animés ou le télé-achat, y'a plus rien. Alors soit je dors, soit je regarde les histoires mystérieuses de Pierre Bellemare. C'est passionnant.
Restez! Je vous en conjure.
A chaque fois, il raconte des histoires trop trop space qui se sont déroulées il y a plus ou moins longtemps dans le passé qui fait peur. Il en a fait un bouquin d'ailleurs (voire plusieurs, je vous laisse vérifier). Vu comme il se vend sur son site, Pierrot, j'imagine qu'un certain nombre d'adeptes d'histoires vraies mais un tout piti peu bizarres existent de part le monde.
Dans l'émission, on a droit à une reconstitution. C'est là que le bât blesse un peu je trouve, parce que les acteurs sont un peu à côté de la plaque : il arrive un truc étrange à quelqu'un et on demande à quelqu'un d'autre de raconter, alors forcément, ça sonne faux aux extrémités.

Prenons un exemple:
C'était l'histoire d'un meuble chinois, mais pas n'importe lequel, un meuble hanté du cinquième tiroir. Il avait été offert à un militaire français, qui avait sauvé le fils d'un notable russe, pour le remercier. Le meuble et ses propriétaires ont été rapatriés ensuite sur Paris. Le militaire est mort, et la veuve, ben le meuble la faisait grave flipper. Il paraîtrait que les tiroirs s'ouvraient tout seuls LA NUIT, dans la chambre d'amis. La dame, elle n'en voulait plus, elle a passé une annonce, en décrivant le meuble et tout. En fait, c'était une commode d'apothicaire, avec tout plein de tiroirs, joliment décorée, ça valait bonbon, mais elle a finalement choisi de donner le meuble à un artiste-peintre.
Crédibilité de l'actrice jouant la veuve: hum.
Crédibilité de l'acteur jouant l'artiste: mouhahahahaha.
Bref.
Madame la veuve est quand même super contente de se débarrasser du fardeau, bon ok elle fait un peu semblant d'être soulagée, mais elle reste accrochée sentimentalement au meuble, surtout qu'elle n'a pas les coordonnées de l'acquéreur, et que bon, elle a "oublié" (tu parles, elle a fait exprès oui!) de lui dire qu'il ne fallait surtout pas ouvrir le cinquième tiroir du bas. Comment elle le savait? Aucune idée.
L'artiste est tout content, surtout qu'au début, la commode fait juste déco, elle ne le dérange pas la nuit. Mais une nuit, les tiroirs commencent à s'ouvrir et se fermer all by themselves. Lui pense que c'est juste un mécanisme qui se déclenche (vachement logique), alors il regarde et ne s'inquiète pas. Mais au bout de trois quatre nuits, ça commence à être grave relou, ça fait du bruit, et ça l'empêche de dormir. Alors il cherche le mécanisme (qu'il ne trouva jamais), et remarque que le cinquième tiroir reste coincé.
Il l'ouvre. T'as envie de lui dire: pas touche, malheureux. Sauf qu'on ne voit pas le mec toucher le meuble, juste il raconte. T'as envie de le croire, quand même, même si son jeu d'acteur équivaut à celui des musclés dans la croisière folamour.
Dans le tiroir, un message écrit sur un parchemin avec des caractères étranges. Et dans un ruban (comment je t'aurais laissé ça dans le tiroir et que je t'aurais refourgué le truc à quelqu'un d'autre), une main momifiée. Aaaaaargh, mais fuis donc pauvre fou! Referme ça et remets le dans le tiroir, vite!
Ben non. Le bonhomme est obsédé et fait traduire le parchemin par un vieil asiatique (crédibilité négative). Evidemment, c'est un message très ancien (AU MOINS 2000 ans, AU MOINS), qui dit que la main permet de réaliser un voeu, mais qu'en échange il prendra une vie humaine.
Payer un tribut à une main momifiée dans un meuble hanté. Super.
Ben Patrick (ou Jean-François, ou Daniel, chais plus) fait un voeu: il veut gagner un prix dans une expo à New-York. Il n'a pas peur, et si ça se trouve, quelqu'un va mourur, l'est pas bien lui!
Figurez-vous qu'il gagne.
Et que son agent meurt d'une crise cardiaque dans le taxi qui le ramène de New-York vers Patrick, pour fêter sa victoire.
L'angoisse.
Ah ben merci Pierre Bellemare, elle fout les jetons ton histoire. Surtout qu'on se prend à y croire, au détour d'un neurone particulièrement imaginatif.
Patrick a pété le boulard, a laissé tomber la peinture et est retombé aussi sec dans l'anonymat.

Voilà ce que c'est de fouiller dans les cinquième tiroirs et de faire mumuse avec des mains momifiées enrubannées.

Sinon c'est joli comme nom, Bellemare, belle mare, non? C'est poétique, en fait.


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