31 mai 2007

la fille dans le sas

Quand même, presque deux mois ont passé, comme ça, le temps de le dire, vlouf, hop lalala depuis que la Boulette d'angel est né. Et moi, je n'ai pas raconté comment j'avais vécu l'accouchement, de Mon côté, parce que faut que vous le sachiez, du début à la fin, j'étais là, derrière la porte, à attendre.
Voyons voir
Entre le moment où elle m'a appelée, j'étais en train de batifoler dans le jardin de mes parents (ah non je crois que j'étais en train d'effacer les 15 milliards de mégas de fichiers temporaires qu'il y avait sur leur pc). Hop départ, et moi, quand on m'appelle, je cours voyez vous, je vole limite même.

On arrive à l'hôpital, même que je réussis à me garer pas trop loin (j'ai du rebouger la voiture après car j'étais sur une place réservée)(mais si je sais conduire voyons).
Angel n'assure pas trop, elle n'arrête pas d'avoir des contractions, punaise c'était relou vous auriez vu ça, comment il a fallu que je la supporte tout ce temps, je me demande encore comment j'ai pu avoir ce courage hein (me tape pas je t'aime moi). En plus, on ne les voit même pas les contractions, sur le monitoring, nan mais c'est quoi cette arnaque? On les a toujours vues, les miennes d'abord. Hum bizarre. C'est là que l'inspecteur Barnaby himself a décidé de mener l'enquête aux urgences gyn-obst. Il a rapidement été débouté, les hommes d'un certain âge étant rapidement pris pour des pervers dans le service. Bref, trêve de plaisanterie.
La gentille sage-femme fait une prise de sang, c'est là que ma copine a failli me balancer son poing dans la goule, pourtant je cherche juste à aider moi, alors je fais la conversation: "ah oui c'est super votre système à prise de sang là, le petit tuyau, je trouve que c'est waouh trop moderne!". Il faut savoir que certaines personnes n'aiment pas trop parler de sang, de circulation sanguine tout ça, et moi, ça ne me dérange pas, je regarde tout le temps quand on me pique, il faut que je vois. Là, pareil donc. Mais j'ai failli mourir pour ça.

Après tout ça, la sage-femme envoie angel en vadrouille, elle mange des kitkat SANS M'EN PROPOSER, c'est franchement dégoulasse je trouve. Quel égoïsme crasse. Nan mais en plus le petit couple là, ils essaient de me virer en disant que je peux rentrer chez moi, que c'est bon maintenant, et non ce n'est pas un faux travail, la dame va accoucher aujourd'hui. Ah ah ah, c'est mal me connaître, parce que quand j'y suis j'y reste, genre super glu 3000.

Au bout d'un moment, on retourne aux urgences, parce que ce n'est plus possible, ça fait bobo à la dame et quand la dame a bobo, la dame pas contente, alors voilà. Je ne sais pas combien de fois j'ai ouvert la porte de la petite salle pérave où jonglait angel avec bravoure pour dire: "euh faudrait voir à se dépêcher, mesdames, ma copine a MAL, et je vais devoir l'assommer si vous faites pas quelque chose, vite" . Oui, c'est ma vraie nature, complaisante et agréable, utile et aimante.

Au bout d'un moment interminable, il faut le dire, ils l'emmènent en salle de naissance.
Et c'est là que commence ma longue attente. Je ne suis pas prévoyante, je n'ai ni bouquin, ni mp3, ni forfait de portable. C'est dimanche de Pâques et la boutique est fermée, pas moyen de s'acheter 20 ans ou Jeune et Jolie. La loose je vous dis.
Jusqu'à 20 heures, ça va à peu près. Je m'occupe en jouant au bubble trouble sur mon portable. Je joue même à iznogoud. C'est looooong. Ah tiens, le futur papa vient me dire que ce n'est pas pour maintenant. Elle ne peut pas se grouiller un peu? J'en ai marre moi, c'est long et chuis toute seule dans mon sas, et à chaque passage, je manque de me prendre une porte dans la goule. Bah oui, par définition, un sas, c'est entre deux portes, mais ils y ont mis des chaises pas confortables, alors je m'y suis installée hein. Avec mon portable. Ah tiens, si j'envoyais des sms? A din, et à Lulu? Yeah, ça m'occupe trois minutes et je suis toute émerveillée d'avoir des réponses. Surtout de Lulu, qui en profite pour me dire qu'elle s'enquille des moules frites chez Léon, alors que moi, tout ce qu'on m'offre en guise de dîner, c'est une bouteille d'évian et des madeleines au distributeur. Bonjour la gratitude hein (je surveille les sacs, mission super importante).
Après 20 heures, je pète un peu le boulard. Je n'ose pas partir, parce que je me dis que sinon, le bébé en profitera pour naître dès que j'aurais franchie la porte 1 du sas. Alors je reste. Je fais les cent pas. Je vais faire peepee. Je relis pour la 478è fois le cosmo du moi de mars. De temps en temps, le Chéwi d'angel vient me dire que les choses n'avancent pas. Mais bourdel, qu'ils lui fassent une césarienne, qu'on en finisse, c'est insupportable! Je suis dans le SAS punaise, j'en PEUX PLUS, libérez moi donc cette mère et cet enfant que j'aille me coucher.
Non.
J'attends.
Je discute avec une future grand-mère, super sympa. Et blablabla la péridurale c'est formidable et blablabla. Quand même, ça m'a occupée pendant une demi-heure, merci madame, il est 22 heures.
J'attends encore.
C'est impayable comme on peut s'éclater dans un hosto désert la nuit. Je HAIS les hôpitaux, ça me met mal à l'aise, je me sens à côté de la plaque, je me sens seule, brr brr, des gens passent et j'ai peur qu'ils soient psychologiquement atteints et se mettre à attaquer la femme dans le sas.
Alors le soulagement intense quand le papa de la Boulette vient me dire qu'il va naître, là, incessamment sous peu, vous le captez? Je lui dis: mais vazy, et sors le toi-même, dépêche toi, j'en peux plus d'attendre (mais non voyons je ne pense pas qu'à ma gueule)(mais non je ne lui ai pas dit de l'accoucher lui-même, j'avais pas envie qu'il s'évanouisse non plus).

Quand il vient me dire qu'il est né, je me sens au bord de l'hystérie, je suis sur le point d'imploser vous voyez, j'ai tellement attendu, à regarder derrière la vitre, essayant de surprendre le moindre mouvement, j'étais devenue folle, oui, on peut le dire. Je saute dans tous les sens, j'arrache une page de cosmo pour écrire un mot à angel, comme quoi il était hors de question que je quitte cet hôpital sans avoir vu le bébé.
Ce que j'ai pu faire.
Voir un bébé d'une demi-heure sans que cela soit le sien, c'est terriblement émouvant. Il est beau et tout tranquille, tout dodu des cuisses, trop choubidou. Bon j'ai fait ma niaise grave, angel pourra en témoigner, y'en a eu du cri suraigu là-dedans (mais pas trop, parce que je respecte beaucoup les nouveaux-nés). On aurait facilement pu me prendre pour la foldingotte du coin, avec ma blouse et mes surchaussures. Mais je suis si contente, même que je fais des bisous à angel, ce qui franchement n'est pas commun, d'habitude elle me paie pour. Après je prends des photos, je bondis encore pendant deux ou trois minutes, sans qu'on puisse m'arrêter.

Bon après, j'ai attendu pendant deux heures dans le hall de l'hôpital, j'ai failli m'endormir sur les chaises moches, mais finalement non, parce que j'avais trop peur de me faire enlever par les extra-terrestres. Ou de me faire marabouter. Mais j'étais super contente et heureuse d'être restée, parce que j'ai pu voir ce bébé et lui dire:"han mais mon chéri, tu sais comme tu as pu enquiquiner ta mère toi, maintenant c'est respect, compris?"

Après je suis rentrée chez moi, et j'ai eu beaucoup de mal à m'endormir.

Je crois que je me souviendrai longtemps, voire toujours, de ce 8 avril 2007.

Le récit de la fin de l'accouchement d'angel, c'est par .

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