29 janvier 2007

six years ago




Il y a six ans, j'étais enflée, remplie de flotte, d'oedèmes, j'avais pris tellement de poids en eau (bon en graisse aussi un peu) que j'avais les chevilles et les jambes énormes, la tronche bibendumesque.
Et j'étais heureuse et en même temps si triste avec ce bébé qui arrivait, je ne comprenais pas pourquoi j'étais dans cet état-là, personne ne m'avait dit que ça pourrait me faire ça. Je pleurais, je disais que je n'y arriverais pas, je n'ai pas pu allaiter tellement je détestais mon image dans le miroir et parce que rien ne marchait, je pensais tellement naïvement que tout coulerait, si naturellement. Je me sentais nulle, maladroite, inutile. L'instinct maternel? Mouarf. Je refusais mes sentiments, car quand on devient mère, on est censé être aux anges et au plus haut sommet du bonheur, mais ce n'est pas ce que j'ai vécu. Je me suis détestée lorsqu'on m'a bandé les seins, quand je lui ai donné son premier biberon, quand on me faisait la morale parce que je la promenais la nuit dans les couloirs. Je ne supportais pas que ce bébé puisse dépendre de moi, qui étais le trente-sixième sous-sol des mamans.

Ben oui, j'ai mis plusieurs années à me sentir réellement maman. A aborder le tout sereinement.
Paradoxalement, je n'arrivais pas à lâcher mon bébé, je refusais de la sortir, je la gardais contre moi, j'allais la prendre dans son lit lorsque j'avais une flippe quelconque. Ce sentiment d'amour, c'est comme un volcan qui ne parvient pas à entrer en éruption, vous voyez? Tout reste à l'intérieur, rien ne se montre, tout est présent de manière si violente, si féroce que cela fait peur. Et cette peur, car donner naissance, c'est aussi donner la mort, pour plus tard certes, mais quand même, je ne suis pas parvenue à la gérer en entier. Manque de maturité, de solidité intérieure, je n'en sais rien, je ne veux pas savoir. Cette explosion intérieure, c'était de la folie, ça me dépassait si intensivement que mon coeur saignait de ne pas me sentir naturelle, à l'aise avec ma maternité. Quelle culpabilité, hein! Il faut bien passer par dessus, et ça m'a pris des siècles

Progressivement, tout s'est construit en moi, j'ai ensuite donné naissance à Mini et j'ai enfin tout compris.
C'est triste un peu, mais c'est tellement vrai, c'est tellement ça.

Maintenant, ma Nounette, c'est ma lumière, même si elle se croit tout permis parce qu'elle a six ans. Qu'elle a débarqué ce matin en clamant haut et fort: "Ayé maman, j'ai six ans! J'ai eu six ans pendant la nuit, je suis une géante, je sens que j'ai grandi, regarde, mon pyjama est trop petit!"

Six ans, c'est un peu grand, mais ma grande fille, c'est quand même encore un petit peu mon bébé, dans un coin de mon coeur.

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